Review
Roman Kuhar, David Paternotte, Anti-Gender Campaigns in Europe: Mobilizing Against Equality, Rowan & Littlefield, 2017
Critique Internationale, 2018/4 (n. 81)
L’ouvrage collectif dirigé par Roman Kuhar et David Paternotte s’inscrit dans la lignée des publications qui ont suivi le premier colloque international organisé à l’Université libre de Bruxelles les 15 et 16 mai 2014 sur les mobilisations contre la « théorie du genre » en Europe. Après le numéro spécial de la revue Sextant intitulé, comme le colloque, « Habemus gender ! Déconstruction d’une riposte religieuse » (2015) et celui de la revue Religion & Gender, « Habemus Gender ! The Catholic Church and “Gender Ideology” » (2016), dont le sociologue D. Paternotte était déjà, dans les deux cas, co-éditeur, cette nouvelle livraison étend le terrain d’études à des cas nationaux qui étaient absents des autres publications – l’Autriche (Stefanie Mayer et Birgit Sauer), l’Irlande (Mary McAuliffe et Sinead Kennedy) et la Russie (Kevin Moss) – et tente de constituer heuristiquement l’objet et la catégorie « mouvements anti-genre ».
Il est impossible, dans le cadre d’un bref compte rendu, de présenter le riche matériel mobilisé par les auteur·e·s dont certain·e·s étaient déjà présent·e·s dans les dossiers susmentionnés. Ce serait perdre de vue la proposition scientifique que suggèrent les co-éditeurs en l’étayant sur des travaux soigneusement approfondis, fondés sur des enquêtes majoritairement documentaires. Et ce serait, du même coup, ne pas rendre justice à l’articulation complexe que les auteur·e·s exposent en reprenant le fil des publications qui ont précédé celle-ci. L’ensemble de toutes ces publications, qu’une présentation minimale et scolaire du contenu des articles rendrait inintelligibles, prend la forme d’un champ d’études – et d’une communauté de chercheur·e·s – constitué récemment. Ce champ prend racine dans une nécessité politique et scientifique de comprendre l’évolution qu’a connue, ces dernières années, une certaine recomposition des théories, des politiques et des mobilisations qui contestent le concept de genre en faisant appel à l’instrument de l’« idéologie du genre » ou de la « théorie du genre », comme référent discursif commun.
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