AFSP, anti-gender, neocatholic, Massimo Prearo
15° Congrès de l’Association Française de Science Politique
2 – 4 juillet 2019

Section thématique: Les détournements du « genre » comme outil de légitimation pour les formations populistes d’extrême-droite
Axe: Détournements de la ressource « genre » par les formations populistes d’extrême-droite et conditions d’efficacité
Président.e : Christèle Lagier
Discutant.e.s : Adeline Branthonne et Massimo Prearo

Le genre se trouve au cœur de l’évolution récente des formations populistes d’extrême-droite en Europe occidentale. La catégorie « formations populistes d’extrême-droite » est ici utilisée par facilité, dans une perspective exploratoire et sans être envisagée comme un concept opérationnel. Loin de faire l’unanimité (Fassin 2017 ; Mouffe, 2016 ; Akkerman, Mudde, Zaslove, 2014), l’appellation « populisme » ne s’impose pas moins à l’échelle internationale pour décrire des phénomènes que l’on peine à qualifier autrement.

Dans un contexte d’hostilité croissante vis-à-vis des populations musulmanes, le thème de l’égalité des sexes est mis en avant par ces formations pour légitimer leur position « anti-immigration ». Cette propagande se fonde sur la représentation de l’égalité entre les sexes comme un acquis de la « culture » européenne et de l’immigration comme une menace pour les droits des femmes natives, et sur l’obscurcissement des inégalités de genre qui structurent les sociétés d’accueil (Meret et Siim 2013). Alors qu’en général ces formations traditionnellement « masculinisées » maintiennent des positions plutôt conservatrices en matière de famille et dans les questions de genre, celles-ci sont en train d’évoluer vers un plus grand pragmatisme (Akkerman 2015). Des leaders femmes mobilisent les stéréotypes de genre qui veulent que les femmes ne soient pas agressives afin de transformer l’image publique de ces groupes et partis, en les rendant plus « respectables ». L’écart traditionnellement observé entre les votants et les votantes des partis populistes d’extrême-droite en Europe occidentale est progressivement en train de se réduire (Barisione et Mayer 2013). Les femmes sont aussi en train d’augmenter parmi les militants de ces partis. Tandis que les différences de genre dans les électorats de ces partis ont été longuement étudiées (Kitschelt et McGann 1997), les travaux scientifiques qui s’intéressent à leurs stratégies à l’égard des femmes ainsi qu’à la place des femmes et au rôle du genre au sein de ces organisation, ainsi que dans les mouvements sociaux d’extrême-droite sont encore rares (Avanza 2009, Scrinzi 2017).

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