ULB

Journées d’études, 12 et 13 octobre 2007 à Bruxelles

« L’histoire de l’hétérosexualité : un impensé de la recherche »

organisé par le groupe « Normes, Genre, et Sexualités » du Centre de Droit Comparé et d’Histoire du Droit de l’Université Libre de Bruxelles.

La question de l’hétérosexualité est peu présente dans les différents champs disciplinaires des sciences humaines. Peu de travaux et d’ouvrages prennent en compte cet objet d’étude en tant que tel, qu’il s’agisse d’approches théoriques ou de l’examen des pratiques et des représentations. Le présupposé général, y compris dans le monde académique, est que l’hétérosexualité est la « norme » : il est dès lors moins utile de la questionner. C’est pourquoi, l’histoire, la sociologie ou l’anthropologie des sexualités mettent plutôt l’accent sur les « altérités » sexuelles, lesquelles n’ont perdu que très récemment les caractères de « déviance » ou « d’anomalie ».

L’hétérosexualité reste donc un impensé de la recherche. Cet impensé se manifeste d’abord sur le mode de l’occultation : tout le monde en parle « naturellement » sans qu’il soit nécessaire d’en dire quoi que ce soit ; quand bien même la norme sexuelle a pu être interrogée en miroir à partir de ce qu’elle est supposée être. Les travaux portant sur les homosexualités ont ainsi permis, en creux, soit de déconstruire partiellement la norme hétérosexuelle en révélant des pratiques mixtes ; soit de la renforcer en utilisant la dialectique de la stigmatisation (« l’hétérosexualité, ce douloureux problème »).

Depuis quelques années pourtant, il apparaît que l’hétérosexualité n’est pas, pas plus que les autres domaines de la sexualité, une catégorie anhistorique, naturelle ou immuable mais plutôt une « identité » et des « pratiques », travaillées par l’entre deux, le chevauchement des frontières et le désir d’un ailleurs. L’hétérosexualité se décline donc sur plusieurs modes. C’est pourquoi nous avons pris le parti d’emblée de nous pencher sur l’histoire des hétérosexualités.

L’objectif de ces journées d’études d’octobre 2007, impulsées par le groupe interdisciplinaire « Genre, normes et sexualités » de l’Université Libre de Bruxelles, est ainsi de tenter un état des lieux des raisons – disciplinaires et méthodologiques, théoriques et empiriques – qui rendent les recherches sur les hétérosexualité(s) encore si anecdotiques, tout en mettant l’accent sur les interactions structurelles entre sexualité « normée » et sexualité « autre ». On envisagera donc la question dans une approche comparatiste, permettant une réflexion élargie sur le genre et les sociétés contemporaines (XIXe – XXe siècles). C’est pourquoi les perspectives historiques, sociologiques, anthropologiques, politologiques, juridiques, urbanistiques, littéraires, artistiques… sont les bienvenues.

Parmi les différents angles d’approche possibles, l’accent sera mis sur :

- L’analyse et la critique des sources de l’hétérosexualité

- Les lieux et les instances de représentations de l’hétérosexualité normative (lieux d’expression, de rencontre, de contrôle…)

- Les « pratiques » hétérosexuelles

- La sexualité conjugale

- Les liens entre sexualités hétéros et alternatives.

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